#AFRAVIH2001064Violence perpétrée par les hommes vivant avec le VIH envers leurs partenaires sexuelles au Cameroun : caractéristiques associées et effet sur le risque de transmission du VIH (ANRS-12288 EVOLCam)

Sociétés / Comportements
M. Fiorentino 1,*, A. Sow 1, L. Sagaon-Teyssier 1, M.T. Mengue 2, L. Vidal 1, C. Kuaban 3, L. March 4, C. Laurent 4, B. Spire 4, S. Boyer 1.
1INSERM, IRD, Aix Marseille Université, SESSTIM, Sciences Economiques & Sociales de la Santé & Traitement de l’Information Médicale; ORS PACA (Observatoire Régional de la Santé Provence-Alpes-Côte d’Azur) - Marseille (France), 2Université Catholique d’Afrique Centrale - Yaoundé (Cameroun), 3Department of Internal Medicine and Subspecialties, Faculty of Medicine and Biomedical Sciences, University of Yaoundé 1 - Yaoundé (Cameroun), 4IRD UMI 233-INSERM U1175, Université de Montpellier - Montpellier (France)

*Auteur(s) correspondant(s).
Adresse email : marion.fiorentino@inserm.fr (M.Fiorentino)
Objectifs

Décrire chez des hommes vivant avec le VIH (HVVIH) la violence perpétrée contre leurs partenaires sexuelles (VP), son lien avec le risque de transmission du VIH et identifier les caractéristiques des auteurs de VP au Cameroun.


Matériels et Méthodes

A partir d’une enquête transversale sur des HVVIH suivis dans 19 hôpitaux des régions du Centre et Littoral, trois scores de VP (psychologique et physique (VPP), physique grave (VPG) et sexuelle (VS)) ont été construits à l’aide d’une ACP sur 12 questions et catégorisés en 3 niveaux (nul : score=0 ; moyen : score < médiane ; élevé : score > médiane). Des régressions logistiques ordinales ont été conduites pour étudier i) les associations entre les 3 niveaux de VPP, VPG, et VS et 1) le fait d’être virémique (en charge virale détectable ou n’ayant pas initié de traitement antirétroviral depuis plus de 6 mois), 2) à risque de transmission (virémique et dont au moins une des deux dernières partenaires des 12 derniers mois est de statut séronégatif ou inconnu), et 3) à risque élevé de transmission (virémique et usage non systématique du préservatif avec au moins une des deux dernières partenaires des 12 derniers mois dont le statut est séronégatif ou inconnu) ii) les facteurs comportementaux et psychosociaux associés à VPP, VPG et VS.


Résultats

28%, 15% et 11 % des participants (n=406) étaient auteurs de VPP, VPG, VS. Les proportions de participants virémiques, à risque de transmission, et à risque élevé de transmission étaient de 44%, 32%, et 16% et significativement plus importantes chez les auteurs de VPG et VS.

Les facteurs associés à VPP étaient : la pratique fréquente du « binge drinking » (OR ajusté 2.07 [1.08-3.94]), l’âge du participant (0.97 [0.95-1.00] par an) et le revenu (0.98 [0.96-0.99], pour 1000 FCFA). Les facteurs associés à VPG étaient : l’âge du participant (0.93 [0.89-0.96] par an), ne pas vivre dans le même foyer que sa partenaire (0.23 [0.08-0.62]), être avec une partenaire plus jeune d’au moins 5 ans (4.34 [1.63-11.1])- avoir eu des rapports sexuels avec d’autres hommes (7.42 [2.00-27.50]). Les facteurs associés à VS étaient : ne pas utiliser le préservatif de façon systématique avec au moins une des deux dernières partenaires des 12 derniers mois (2.9 [1.43-6.39]), ne pas être le chef de ménage (2.7 [1.05-5.91]) et l’expérience de stigmatisation liée à la séropositivité au VIH (1.24 [1.07-1.41]). Le fait de subir de la violence de la part de sa partenaire était associé à VPP, VPG et VS (respectivement 4.5 [2.30-7.62], 4.8 [2.35-9.96] et 4.4 [1.98-8.49]).


Conclusion

La VPG et la VS aggravent le risque de transmission du VIH des HVVIH à leurs partenaires. Les VP semblent favorisées par le stigma envers les HVVIH, ainsi qu’un contexte de vulnérabilité socioéconomique et de violence mutuelle, un âge jeune et le fait d’être plus âgé que sa partenaire. Prévenir et détecter la VP lors du counseling aux HVVIH pourrait aider à réduire le risque de transmission.


Conflits d'intérêts

Aucun


Mots clés

Violence à partenaire, violence conjugale, violence sexuelle, violence physique, risque de transmission du VIH, Cameroun, préservatif, stigma