#CIHA202401205L’expérience de la conservation-restauration face aux matérialités des fonds photographiques

A. Penser la Matière 1
Les matérialités de la photographie
G. Furic 1.
1Indépendante - Redon (France)


Adresse email : gwenola.furic@gmail.com (G.Furic)
Discussion

Co-auteur(s)

Sujet en anglais / Topic in english

Sujet de la session en français / Topic in french

Texte de la proposition de communication en français ou en anglais

Cela fait 20 ans que je travaille, en statut indépendant, à la conservation matérielle (conservation préventive et curative) de fonds photographiques publics, essentiellement dans le Grand Ouest de la France. Au-delà même de ce champ, j’accompagne mes interlocuteurs – qui pour une grande partie ne sont pas spécialistes de la photographie – à la mise en œuvre de projets (mise en valeur, médiation…). Je propose de partager ici l’évolution de ma relation à la matière photographique, ainsi que les observations de terrain que je peux faire au sein des musées et des archives, à travers l’exercice de mon activité.

Le sujet des matérialités de la photographie est une évidence pour un restaurateur, c’est notre cœur de travail : ce qui  se touche avec les mains, ce qui prend la poussière, ce qui s’abîme, ce qui se perd. Ce qui nous est remis aux bons soins avec beaucoup d’espoir et d’attente. Ce autour de quoi on tourne parfois pendant des jours, avant de pouvoir entreprendre le travail, parce que c’est complexe, parce qu’on a besoin d’en prendre intime connaissance avant de se coltiner ces matières.

Si on est souvent seul à l’atelier, pour autant le travail commence lors de l’échange nécessaire avec l’institution : quel sont les objectifs de l’intervention, les moyens de mise en œuvre du projet, les contraintes, les limites ? Quelle est l’importance de l’altération dans l’histoire des objets, comment doit-on la prendre en compte dans le travail ? Comment va-t-on documenter cette brèche dans le temps qu’est le moment de l’intervention de restauration ?

Lors du traitement d’un ensemble, voire d’un fonds entier, il est parfois intéressant de le considérer comme une fouille archéologique : lien des items entre eux, objets connexes, supports secondaires, emballages, strates. Cet environnement contextuel est parfois négligé : comment le gérer ?

Par ailleurs, au-delà des questions de conservation, il y a un travail de fond souvent invisible sur la transmission des informations sensorielles et sensibles que les restaurateurs récoltent pendant les interventions : questionnements, hypothèses, convictions, voire remises en question, et la révélation de liens qui peuvent aller au-delà de l’institution, grâce à l’ensemble unique des connaissances acquises par l’expérience sur des fonds multiples.

Parce que chaque intervenant a un angle de vue différent sur les collections photographiques selon son statut et ses compétences respectives, la prise en compte récente dans le champ historique des matérialités de la photographie ouvre donc des perspectives de découvertes enthousiasmantes, où les apports de connaissances sensibles et d’expérience des restaurateurs ont toute leur place.

Mots-clés : #restauration #conservation matérielle #altération #sensoriel #sensible #expérience


Bibliographie

Bibliographie non exhaustive :

"Au cœur de la matérialité de la photographie. Fantômes du passé, traces fragiles", in La vie en photographie, Mathieu Pernot, éditions GwinZegal/Musée de Bretagne, 2023

"Conservateur-restaurateur : à la croisée des chemins et des identités", in Musées et recherche : Vulnérabilité, scrupules, dilemmes, Les Dossiers de l'OCIM, 2019

"Sleeves, Boxes, Wrapping Papers, Elastic Bands, What We Never Think About When We Think About Photographs", in The Afterlife of Discarded Objects : Memory and Forgetting in a Culture of Waste, dirigé par A. Guruianu et N. Andrievskikh, Parlor Press, Visual Rhetoric Series, 2018

"Un essai d'approche sensible des matériaux photographiques et de leur conservation", in Photographie 1842-2010, Revue 303, Nantes, 2010


CV de 500 signes incluant les informations suivantes: Prénom, nom, titre, fonction, institution

Gwenola Furic

Conservatrice-restauratrice du patrimoine photographique indépendante

Diplômée de l’Inp/département des restaurateurs (2002) et de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles (1997)

 

Expérience professionnelle depuis 2003 sur les fonds photographiques des institutions publiques :

Conservation curative

Etudes de conservation préventive

Etudes technico-historiques d’œuvres

Formation théorique et technique de personnel

Médiations (conférences, ateliers) auprès du grand public et de scolaires

Interventions à l’université

 

Lien vers mes sites : https://gwenola-furic.jimdofree.com/ et https://photographiematiereapenser.blogspot.com/


Résumé / Abstract

L’intervention de conservation-restauration est une brèche dans le temps historique d’un fonds photographique, à l’instar d’une fouille archéologique : photographies, mais aussi objets connexes, supports secondaires, emballages, strates… Comment documenter et transmettre cet état, qui va être modifié lors de la mise en conservation, mais aussi les diverses informations matérielles, sensorielles et sensibles récoltées à cette occasion ? À travers des cas concrets de traitement de fonds d’archives, nous évoquerons comment les connaissances des conservateurs-restaurateurs, acquises par l’approche de terrain et l’expérience sur des fonds multiples, représentent un apport important à la question de l’histoire matérielle de la photographie.