Le musée royal de Mariemont conserve une collection originale et méconnue de dentelles, certaines désignées comme héritage familial et d’autres acquises par le collectionneur et fondateur du musée, Raoul Warocqué, dans le contexte de son intérêt pour les industries d’art de sa région, le Hainaut. Exposées depuis les premières années du XXe siècle jusqu’en 1960, elles sont, depuis l’incendie qui a dévasté le musée historique, conservées en réserves. Une partie des dentelles « de musée » a été analysée dans les années 1950 sur le plan technique et stylistique, le reste de la collection restant inédit. La ligne de partage entre les dentelles dites « de musée » et celles « de famille » n’est pas nette car certaines de ces dernières ont été conservées et transmises par les femmes de la famille dans un but de patrimonialisation, en témoignent les archives familiales. Nombre de ces pièces portent des traces de l’histoire d’usages vestimentaires et/ou patrimoniaux : anciens montages sur carton ou tissu, certains conservés et d’autres fragmentaires, morceaux déchirés ou décousus, vêtements complets ou morcelés, échantillons et chutes de couture. Certaines pièces sont en excellent état et d’autres élimées, parfois reprisées à diverses époques et de manière plus ou moins habile, ce qui témoigne de leur usage intensif et du soin apporté à leur conservation. On peut aussi relever les traces des décennies d’exposition par les variations de couleur, les signes d’usure, ainsi que les effets de l’incendie qui a conduit l’institution à se réinventer complètement.
L’objectif de cette communication est de présenter l’intérêt de l’étude de ces traces pour la connaissance de l’histoire de cette collection afin de préparer leur future valorisation. Ce sont aussi bien les traces d’usage familial que celles laissées par l’activité muséale qui seront analysées, tout en incluant des éléments de conservation-restauration. Ainsi, certaines pièces ont été cousues sur des tissus colorés afin de créer des ensembles destinés à l’ancien musée. Pour cela, elles ont été découpées, des rubans parfois écrasés, et cousues à gros points. Ces ensembles témoignent de l’histoire de l’exposition de ces dentelles, mais mettent à mal la conservation de ces éléments fragiles. Ainsi, si la future présentation dans le parcours de référence du musée intégrera évidemment le témoignage d’une évolution technique et artistique, la connaissance et la présentation au public de ces traces permettra de l’aborder sous un angle nouveau.
Mots-clefs : dentelle, collection, patrimonialisation, conservation
Thomas, Micheline. Catalogue des dentelles du Musée de Mariemont : introduction historique et technique sur la dentelle, Mémoire de licence en histoire de l’art et archéologie, Université Libre de Bruxelles, non publié, s.d. [1950 ?].
Tiliet-Haulot, Marie-Françoise. « Raoul Warocqué et la dentelle. Le collectionneur et le philanthrope (1909-1911) », Cahiers de Mariemont 42, Raoul Warocqué dévoilé, 2020, p.157-170.
Elise Urbain Ruano, conservatrice de la section des arts décoratifs au musée royal de Mariemont. Docteure en histoire de l’art, spécialiste de la mode au XVIIIe siècle. Mes communications récentes portaient sur la mollesse du vêtement (Making Masculinities, Edimbourg 2022), le toucher dans l’histoire de la mode (Transmission des savoirs sensibles, Lyon 2022) et l’anglophilie des années 1780 (Association of Dress Historians, Londres 2022). Je travaille actuellement sur les pratiques de collections d’arts décoratifs en Belgique.
Le musée royal de Mariemont conserve une collection originale et méconnue de dentelles, provenant du fondateur du musée, Raoul Warocqué. Exposées depuis les premières années du XXe siècle jusqu’en 1960, elles sont aujourd’hui conservées en réserves. Cette communication présente l’intérêt d’étudier les différentes traces qu’elles portent, témoignant d’un usage familial puis de l’activité muséale les ayant concernées. Leur documentation en sera améliorée, ce qui permettra d’en préparer la valorisation. Si la future présentation dans le parcours de référence du musée intégrera évidemment le témoignage d’une évolution technique et artistique, la connaissance et la présentation au public de ces traces permettra de l’aborder sous un angle nouveau.