#CIHA202400758Le destin d’une robe du 18e au 21e siècle, de la couturière au musée : transformations, adaptations et inventions

N. Histoire Matérielle des Objets, Histoire de la Conservation
Textiles : au-delà de la matérialité
A. Gril-Mariotte 1,*, V. BUHREN DE 2.
1Aix-Marseille Université - Aix-En-Provence (France), 2Musée Des Tissus - Lyon (France)

*Auteur(s) correspondant(s).
Adresse email : aziza.gril-mariotte@univ-amu.fr (A.Gril-Mariotte)
Discussion

Co-auteur(s)

Sujet en anglais / Topic in english

Sujet de la session en français / Topic in french

Texte de la proposition de communication en français ou en anglais

Rares sont les vêtements du 18e siècle conservés intactes, sans quelques modifications, voire de plus amples transformations, témoignages de l’évolution des modes et des phénomènes de recyclage, avant que la seconde moitié du 19e siècle fassent des costumes du 18e siècle des pièces recherchées pour les bals costumés. Les professionnels des musées sont régulièrement confrontés à ce genre de découverte dans les doublures et l’envers des vêtements qui témoignent des pratiques de réemploi et de différentes strates d’usage. La patrimonialisation des costumes anciens à partir de la fin du 19e siècle s’est rarement accompagnée d’une prise en compte de cette culture matérielle et pendant longtemps on s’est contenté de conserver et d’exposer sans toujours connaître les formes ou en se référant aux sources iconographiques disponibles pour mettre en volume les pièces. Tandis que les ajouts et les remplacements des manques se sont pratiqués pour présenter des ensembles cohérents.

Les musées textiles ont contribué à la présentation de costumes qui ont pu subir des adaptations pour mettre en forme le vêtement, aux traces d’usage se sont parfois ajoutées celles nécessaires à la mise en mannequin. Les premières expériences muséographiques en France en témoignent : l’exposition de costumes de cour en 1864 au sein du musée d’Art et d’Industrie de Lyon ; en 1874, le Musée historique du costume constitué au sein de l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, ou encore l’exposition Le costume de la femme à travers les âges présentée au Musée rétrospectif de l’Exposition universelle de 1900. Progressivement le développement d’une histoire du costume et une meilleure connaissance de l’évolution des formes, grâce notamment au travail pionner de Madeleine Delpierre au musée Carnavalet, a permis d’interroger la place des modifications et des adaptations pour privilégier, lors des phases de restauration et de préparation des pièces pour le mannequinage, une approche historique du vêtement, menant à des choix et à une nouvelle pratique du mannequinage.

À travers l’étude de cas d’une robe conservée au musée des Tissus , cette communication se propose d’appréhender une histoire de la culture matérielle du textile à travers les différents moment dans la vie d’un vêtement, depuis son utilisation jusqu’à sa muséification. Tout d’abord l’étude de traces qui avancerait l’hypothèse d’une transformation au 18e siècle d’une robe à la française avec plis plat dans le dos en une robe sans manteau avec un haut, une jupe à traîne ouverte sur le devant et un jupon. Puis sa restauration au début des années 2000 avec un travail de reconstitution du caraco (alors manquant) pour exposer un ensemble cohérent. Et enfin la redécouverte du corsage original dont la restauration en cours illustre les limites du travail de reconstitution historique, et permettre de retrouver, non le vêtement d’origine, mais la robe telle qu’elle était portée dans les années 1790. Dautres exemples montrent comment les costumes anciens comportent des traces qui apportent un éclairage sur l’histoire du vêtement et de son usage à travers le temps.

Mots-clefs : Costumes ; conservation ; restauration ; XVIIIe siècle ; robe


Bibliographie

CV de 500 signes incluant les informations suivantes: Prénom, nom, titre, fonction, institution

Aziza Gril-Mariotte est directrice générale du musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon, professeur en histoire de l’art moderne à Aix-Marseille université et chercheuse à l’UMR TELEMMe. Ses travaux scientifiques portent sur la création et l’innovation dans le textile aux 18e et 19e siècles. Son HDR, soutenue en 2021 à Paris I Panthéon-Sorbonne, était consacrée à Une histoire des étoffes imprimées, des arts industriels au patrimoine (XVIIIe-XXIe siècle). Créations, collections, musées.

Véronique de Buhren est conservatrice-restauratrice du patrimoine, spécialisée en textile. Arrivée dans le service de restauration du musée des Tissus en 1998, elle a été chargée des restaurations d’œuvres textiles extérieures à la collection pendant plus de 15 ans avant de devenir en 2014 responsable de l’atelier de restauration. Elle assure depuis l’entretien et le suivi de la collection en veillant à la bonne conservation des œuvres, des réserves aux salles d’exposition.


Résumé / Abstract

À travers l’étude d’une robe conservée au musée des Tissus de Lyon, cette communication propose une histoire de la culture matérielle du textile, en présentant les différents moments de la vie d’un vêtement, depuis son utilisation jusqu’à sa muséification. L’étude des traces portées par la robe étudiée conduit à l’hypothèse de sa transformation au 18e siècle : d’une robe à la française avec plis plat dans le dos, elle devient une robe sans manteau avec un haut, une jupe à traîne ouverte sur le devant et un jupon. Sa restauration (début des années 2000) entraîne la reconstitution du caraco, permettant d’exposer un ensemble cohérent. La redécouverte de son corsage original illustre toutefois les limites du travail de reconstitution historique.