#CIHA202400540Dire l’or : des traités artistiques aux études techniques et optiques

B. Penser la Matière 2
Dire la matière de l’œuvre
A. Ottazzi1,*, J. DERBIE2.
1Université Paris Nanterre – Har - Paris-Nanterre (France), 2Sorbonne Université – IMPMC - Paris (France)

*Auteur(s) correspondant(s).
Adresse email : aottazzi@parisnanterre.fr (A.Ottazzi)
Discussion

Co-auteur(s)

Sujet en anglais / Topic in english

Sujet de la session en français / Topic in french

Texte de la proposition de communication en français ou en anglais

L’or est-il un matériau ou est-il une couleur ? Cette communication souhaite étudier l’emploi du vocabulaire relatif à ce matériau, à ses usages et à sa perception, décliné dans les différentes disciplines regroupées dans le projet AORUM : histoire de l’art, histoire et physico-chimie des techniques picturales, optique. AORUM (Analyse de l’OR et de ses Usages comme Matériau pictural en Europe occidentale aux XVIe et XVIIe siècles) est un projet interdisciplinaire, coordonné par Romain Thomas (HAR/Université Paris Nanterre), Laurence de Viguerie (LAMS/CNRS/Sorbonne Université), Christine Andraud (CRC/CNRS/MNHN) et Dan Vodislav (ETIS/CNRS/CY Cergy Paris Université), qui a pour but d’étudier l’or en tant que matériau pictural dans les pratiques artistiques en Europe occidentale aux XVIe et XVIIe siècles. 

Durant cette période, bien que longtemps oublié par l’historiographie, l’or est maintes fois employé dans la peinture pour la définition des détails des broderies, des nimbes, des sources lumineuses. Il n’est pas non plus négligé dans les écrits : les livres et recueils de recettes, ainsi que les traités, offrent un panorama des différentes terminologies adoptées pour évoquer l’or. Par exemple, une différence émerge entre l'emploi du mot « or » comme nom commun – « d’or resplendissant » (i.e dans Vasari, 1568) – et comme un nom avec fonction qualifiante – « bouclier d’or » (i.e dans Bellori, 1672). De la description de l’effet visuel attendu, associé donc à la lumière, l’or devient le qualificatif d'une teinte (ou couleur ?) ainsi que d'une matière. La pluralité des valeurs de l’or caractérise aussi les autres approches disciplinaires d’AORUM. En optique, par exemple, l’or se distingue des matériaux non métalliques habituels par sa propension à réfléchir la lumière. La relation entre l'or et la lumière s’avère alors fondamentale tant sur le plan artistique que scientifique. Les mesures de la réflectance optique des dorures montrent comment la réflexion de la lumière, et donc l'apparence visuelle, qui peut être exprimée en termes de couleur (teinte) et de brillance, dépendent fortement de la technique utilisée, de l'état de surface et du polissage. Quant aux sources artistiques, elles permettent d’éclairer les usages de l’or comme matériau pictural, d’un point de vue technique, iconographique, symbolique et théorique. Parler de l’or veut dire parler d’un contexte culturel et esthétique précis, celui de l’époque moderne, où prime la notion d’imitation, un positionnement mental qui portera à une inversion du rôle du matériau : l’artiste devra imiter le rendu visuel de l’or au lieu d’utiliser l’or.

Cette communication, conçue à deux voix pour souligner l’esprit interdisciplinaire du projet, réfléchira aux différentes manières de décrire et d’étudier l’or. Dire la matière, à travers le cas d’étude de ce matériau, c’est ainsi transmettre un savoir technique et artistique, une connaissance scientifique, qui passe par une perception à la fois visuelle et tactile. Analyser les points de jonction et d’écart dans les usages terminologiques propres aux différents domaines d’AORUM permettra de rendre à l’or sa place dans l’historiographie artistique, tant celle de l’époque moderne que celle d’aujourd’hui.

Or - lumière - optique - perception - couleur


Bibliographie

CV de 500 signes incluant les informations suivantes: Prénom, nom, titre, fonction, institution

Alice, Ottazzi, docteur en histoire de l'art, chercheuse post-doctorale, HAR, Université Paris Nanterre. https://har.parisnanterre.fr/membres/alice-ottazzi/

Maëlle, VILBERT, docteure en physique, chercheuse post-doctorale, Centre de Recherche sur la Conservation des Collections (MNHN).


Résumé / Abstract

Cette communication souhaite étudier l’emploi du vocabulaire relatif à l’or, à ses usages et à sa perception, décliné dans les différentes disciplines regroupées dans le projet AORUM : histoire de l’art, histoire et physico-chimie des techniques picturales, optique. Livres et recueils de recettes, ainsi que les traités, offrent un panorama des différentes terminologies adoptées pour évoquer ce matériau soit-il associé à la lumière, à une couleur ou encore à une matière. Il s’agira de réfléchir aux différentes manières de décrire et d’étudier l’or ainsi que d’analyser les points de jonction et d’écart dans les usages terminologiques des différents domaines du projet.