#CIHA202401529Corporéité des images numériques, matière de la pensée.

A. Penser la Matière 1
La matière pense
R. Baudinet-Lindberg 1.
1ERG Belgique/ Université Polytechnique des Hauts de France - Valenciennes (France)


Adresse email : rayalindberg@gmail.com (R.Baudinet-Lindberg)
Discussion

Co-auteur(s)

Sujet en anglais / Topic in english

Sujet de la session en français / Topic in french

Texte de la proposition de communication en français ou en anglais

TITRE :Corporéité des images numériques, une matière pensée.

Mots clés : corporéité, image,  " non chose", mémoire.

Les images numériques possèdent une autonomie imaginative qui les fait exister par le geste même de leur incorporation par le code digital. Nous partageons avec Vilém Flusser cette évidence que l’ordinateur est aussi bien une machine de calcul que porteuse de mémoire. Il écrit ainsi que : «(…) On peut assister à cet enchainement d’images comme si l’imagination s’était autonomisée, comme si elle avait migré de l’intérieur ( disons du cerveau) vers l’extérieur ( vers l’ordinateur) et comme si on pouvait contempler du dehors ses propres rêves. Et en effet, bon nombre de ces images intermittentes ; peuvent nous surprendre. Tout en étant imprévisibles, on peut toutefois retenir ces images, les garder sur l’écran ( et dans la mémoire de l’ordinateur), on peut les transformer et engager une sorte de dialogue entre sa propre imagination et celle qui a été intégrée à l’ordinateur. » [1] Qu’est-ce à dire, sinon que ces images numériques apparaissent tout autant comme des réminiscences que comme des images performatives, réanimant sans que nous en soyons familiers, des archives, qui trouvent une qualité sensorielle que les souvenirs n’ont pas. L’idée répandue que les images numériques relèvent de corps immatériels reste une approche partielle, car elle oppose corps et matière, matière et pensée. Nous envisagerons, quant à nous, les images numériques selon leur possible « corporéité », eu égard à la qualité de « non-choses »  des corps numériques pour reprendre la dénomination de Vilém Flusser. Il va s’agir alors d’évaluer la puissance phénoménale de ces images au regard des travaux numériques notamment de l’artiste Brésilienne Kika Nicolela. Ses pièces ont pour source brute des archives familiales, plus précisément des photos de familles numérisées.Leur traitement numérique, paradoxalement, rend ces images sensibles, incorporant non seulement une archive, mais la qualité sensorielle de perceptions anciennes actualisées.Ces scènes des affects condensées reprennent vie pour les sens, et par là, pour la conscience qui les absorbe comme phénomènes selon une histoire émotive. Si ces images peuvent se prévaloir d’une forme de sensorialité,  l’ordinateur suppléant la mémoire, ce corps infini et imaginatif outrepasse les possibilités offertes par la photographie. Ce geste de création et de production concomitante est ainsi fait de strates, où les corps sont codés par le langage numérique et réencodés par les manipulations de l’artiste (Scan art, Glitch, sampling, GIF animés). Il s’agit pour Kika Nicolela de resculpter la mémoire argentique de la photographie, selon un flux analogique qui revivifie. Cette corporéité amenée par le geste s’incorpore alors dans le calcul,  et ce qui en ressort est un cliché pulsif, voire une pensée en mouvement. Ce qui fait sans doute le caractère singulier de ces créations numériques, pourrait être alors de réussir à dédoubler l’ imaginaire et la réalité qui les produisent.

 

[1] « L’image calcul pour une nouvelle imagination. »Vilém Flusser, Eine neue Einbildungskraft »,1990, in Penser les image II, Anthropologie visuelle, trad. E.  Alloa, Paris, éd. Presse du réel, 2015.  


Bibliographie

FLUSSER, Vilém ,"L'image-calcul. Pour une nouvelle imagination", dans Penser l'image II. Anthropologies du visuel, ed. Emmanuel Alloa, Dijon: Les presses du réel, 2015, p. 43-56

FLUSSER, Vilém, Choses et non-choses : esquisses phénoménologiques. Trad. de l'allemand Jean Mouchard. -, Paris, Editions Jacqueline Chambon, 1996.

BERGSON Henri, Matière et mémoire, Paris, éditions Quadrige / PUF, 1997.

FLUSSER, Vilém, Les Gestes : nouvelle édition augmentée. Textes revus et écrits en français par Vilém Flusser, Edition établie par Marc Partouche. Introduction et notes de Sandra Parvu. Postface de Louis Bec, éd. Al Dante, 2014.


CV de 500 signes incluant les informations suivantes: Prénom, nom, titre, fonction, institution

Raya Baudinet-Lindberg, 

Professeure en esthétique (Art, Philosophie, Littérature) à L’ERG ( ESA, école de recherche graphique) à Bruxelles, à l’Université Catholique de Lille, et à l’Université Polytechnique des Hauts de France département Humanité numérique (FLLASH.) Doctorante en esthétique rattachée au Laboratoire de Recherche Sociétés et Humanités – Département DeScripto.

Critique d’art (AICA), curatrice, fondatrice de la structure d’exposition et de recherche espace potentiel. https://espacepotentiel17.blogspot.com/

 


Résumé / Abstract

Les images numériques possèdent une autonomie imaginative qui les fait exister par le geste même de leur incorporation par le code digital. Qu’est-ce à dire, sinon que ces images numériques apparaissent tout autant comme des réminiscences que comme des images performatives qui par leur rythme trouvent de plus une qualité sensorielle que les souvenirs n’ont pas. L’idée répandue selon laquelle les images numériques relèvent de corps immatériels reste une approche partielle, car elle oppose corps et matière, et ce faisant matière et pensée. Nous envisagerons, quant à nous, les images numériques selon leur possible « corporéité ».