#CIHA202401354Hiérarchies de la forme et de la matière dans les jugements de qualité portés sur les objets d’art aux 15e, 16e et 17e siècles

A. Penser la Matière 1
Matière et forme. Retour sur la théorie de l’hylémorphisme dans la théorie des arts au premier âge moderne
A. Smeesters 1.
1Université catholique de Louvain - Louvain (Belgique)


Adresse email : aline.smeesters@uclouvain.be (A.Smeesters)
Discussion

Co-auteur(s)

Sujet en anglais / Topic in english

Sujet de la session en français / Topic in french

Texte de la proposition de communication en français ou en anglais

Dans cette communication, nous souhaitons observer de quelle façon les jugements esthétiques portant sur les œuvres d’art aux 15e, 16e et 17e siècles font intervenir, à divers degrés, les dimensions de la « forme » et de la « matière » des œuvres, et comment les propos de certains auteurs peuvent être rattachés, par le vocabulaire et/ou les thèmes mobilisés, à un arrière-plan philosophique, et plus précisément aristotélico-scolastique. Dans l’hylémorphisme péripatéticien en effet, la forme est en général considérée comme le principe actif, organisant la matière passive en vue d’une finalité : c’est donc elle qui amène les choses à leur accomplissement, à leur perfection. La forme reçoit dès lors parfois, dès la philosophie grecque antique, une dimension proprement esthétique, tandis que dans la philosophie scolastique médiévale, le beau se rapporte à la cause formelle. Mais le rôle joué par la matière dans l’ordre et la beauté du monde n’est pas nul ou purement passif pour autant. Si les Thomistes ont tendance à insister sur l’action de la forme, les Albertistes et Scotistes soulignent l’importance de la disposition de la matière (dispositio ad formam) qui doit être capable (capax) de la forme. Nous observerons comment ces thèmes transparaissent dans divers textes des 16e et 17e siècles (notamment les écrits des Italiens Vincenzo Danti, Paolo Pino, Benedetto Varchi et Giovanni Paolo Lomazzo, mais aussi dans des textes moins attendus comme la rhétorique anversoise de Benito Arias Montano) et comment ils peuvent être convoqués dans l’établissement de diverses hiérarchies esthétiques (dans le paragone des arts, pour juger les artefacts venus du Nouveau Monde…). Nous explorerons également, si possible, les corpus liés aux débats entourant les images religieuses, pour voir si des arguments à coloration scolastique servent à justifier ou commenter la richesse ou la pauvreté des matières utilisées, et l’élaboration ou la simplicité des figures. Ces textes relevant de l'histoire culturelle seront mis en résonance avec des textes proprement philosophiques issus de la tradition universitaire scolastique, en particulier des traités de physique et des exposés sur les principes des corps naturels, mais aussi artificiels, en l'occurrence la matière et la forme. 

Mots clés : hylémorphisme scolastique hiérarchie esthétique époque moderne


Bibliographie

CV de 500 signes incluant les informations suivantes: Prénom, nom, titre, fonction, institution

Aline Smeesters, professeure et chercheuse qualifiée du FNRS à l'UCLouvain (Louvain-la-Neuve, Belgique), est co-directrice du centre de recherche GEMCA (Group for Early Modern Cultural Analysis). Philologue classique, elle est spécialisée dans la littérature néo-latine. Depuis 2017, elle co-dirige un projet (sous l’acronyme Schol’Art) à l’UCLouvain visant à expliciter les liens cachés entre les théories des lettres et des arts et la scolastique universitaire des 16e et 17e siècles. Page academia : https://uclouvain.academia.edu/AlineSmeesters


Résumé / Abstract

Dans l’hylémorphisme péripatéticien (notamment dans sa version thomiste), la forme est généralement considérée comme le principe actif, organisant la matière passive pour former un monde ordonné et beau. Mais certains courants scolastiques soulignent également l’importance de la disposition de la matière qui doit être « capable » (capax) de la forme. Cette communication tentera de montrer comment ces thèmes transparaissent dans des textes des 15e, 16e et 17e siècles relevant de la théorie de l’art, mais aussi de la rhétorique, et comment ils servent à l’établissement de diverses hiérarchies esthétiques.